Oeufs peints de Bucovine

L'ornementation des oeufs est une tradition populaire très vivante en Europe de l'Est. Étroitement liée aux décorations de la fête de Pâques, cette pratique se retrouve dans ces pays où les religions orthodoxe et catholique sont dominantes.

Si, de la Pologne à la Hongrie, les décors sont souvent géométriques et monochromes (le plus souvent de couleur rouge en référence au sang de Christ) ou floraux (fleurs de pourpier en Hongrie), les motifs se complexifient et se colorent dans les Balkans, particulièrement en Roumanie du Nord, dans la région de Bucovine où le foisonnement des ornements et la minutie des motifs sont vraiment remarquables. 

Oeufs peints de Bucovine (Roumanie).

La variété des techniques mises en oeuvre surprend sur un aussi petit objet et sur une surface aussi fine: tout releve plus de la joaillerie que de la peinture. Pas moins d'une dizaine d'étapes et une bonne heure de travail sont nécessaires à la réalisation d'un seul oeuf! 

L'oeuf (de poule ou de canne le plus souvent), après avoir été vidé, est préparé à recevoir son décor en étant plongé dans un bain de teinture blanchissante.

Par la suite, un premier décor de base est réalisé en appliquant sur la surface blanche de la cire d'abeille chauffée et brunie. La cire est déposée à l'aide d'un outil composé d'un tube fin (qui sert de réservoir) monté sur un manche.

La cire chaude déposée sur la surface de l'oeuf sèche immédiatement, 

ce qui permet une constante manipulation.

Une fois la structure décorative mise en place, deux grandes variantes sont développées: soit l'oeuf est à nouveau orné de petites touches de cires colorées comme pour imiter des points émaillés, soit l'oeuf sera trempé dans différents bains de teintures colorantes, après quoi la cire de base sera fondue puis essuyée pour laisser réapparaître le blanc d'origine, et finalement verni. 

Quant aux styles des décors peints, ils sont issus des diverses influences qui ont traversé l'histoire de cette région d'Europe: difficile de ne pas penser aux motifs des frises antiques, à l'art de la miniature et de la marqueterie, à l'ornementation des tapisseries persanes -en particulier des kilims-, de ne pas y voir un emprunt à la peinture à l'émail iranienne et aux oeufs peints de Norouz (Nouvel an), et bien sur à l'artisanat populaire russe...